« La Réforme, cette révolution », d’Alain Pascal

« Le siècle de la folie », Ed. des Cimes, 624 p., 28 €, 2014. Disponible ici.

Ce dernier livre publié, inédit, traite de ce qui a été appelé communément (et de façon impropre) la « Réforme »(1)la véritable réforme étant… la « Contre-Réforme »., c’est-à-dire la survenue du « protestantisme ».

Dans cet ouvrage volumineux et dense, l’auteur présente ce phénomène qui ébranla la Civilisation moins comme une réforme que comme une « révolution », d’ailleurs non seulement religieuse mais aussi politique ; car, « au-delà d’un bouleversement du dogme de l’Église et des Sacrements, Luther est responsable du premier nationalisme révolutionnaire, le nationalisme allemand qui s’attaque à l’Empire de Charles Quint. » Une approche peu courante qui donne du sel à cette étude.

Pour résumer la thèse historique d’Alain Pascal, la « Réforme » est « la conséquence de la Renaissance et donc un produit de la gnose et de la Kabbale ». Il fait peu de cas du politiquement correct et c’est heureux, ne s’interdisant d’ailleurs pas de nombreuses digressions politiques actuelles : autant d’analyses supplémentaires offertes au lecteur mais aussi d’occasions de froisser des lecteurs venus d’horizons plus à la mode. Tant pis, ou tant mieux car il est parfois salutaire à certains de voir chahutées des certitudes douteuses inculquées par les médias ou l’école publique.

Tout d’abord, Alain Pascal replace cette nouvelle étude dans la perspective de sa série la Guerre des gnoses, dont la Réforme serait un aboutissement, à la suite de la « Renaissance » et de son Humanisme (triomphant avec l’Eloge de la Folie d’Erasme(2)ce traité étant carrément une transcription de «  la Kabbale, [et] une véritable déclaration de guerre contre le rationalisme scolastique ».).

Se penchant ensuite sur Luther, qu’il décrit comme un « superstitieux » et « l’anti- saint Thomas d’Aquin », il en expose les influences gnostiques et kabbalistiques.

« Hérétique néo-platonicien », Luther a une conception irrationnelle de la foi ; n’ayant rien compris à la scolastique et d’un orgueil démesuré, pour créer son système, il oppose faussement saint Augustin à saint Thomas d’Aquin.

Alain Pascal s’attarde sur les rapports entre Luther et les Humanistes, ces derniers poussant l’hérésiarque à l’attaque. Il entend montrer « comment Luther insère le nationalisme allemand dans la guerre Humaniste contre l’Église » et comment il s’attaque à la tradition de l’Occident, annonçant finalement les « effroyables temps modernes ».

Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Alain Pascal s’attarde, sans détour et sans mettre de gants, sur les influences démoniaques de Luther et aborde même la question peu connue des rencontres entre ce dernier et… le Diable (racontées par Luther). Puis il évoque « le luthéranisme politique et l’histoire secrète du nationalisme allemand » avant de revenir sur les liens entre la Kabbale et la révolution luthérienne, d›exposer « comment le protestantisme est l’islam  d’Occident »

Ce volumineux pavé, qui n’est pas d’une lecture très aisée, est un véritable puits de données généralement peu connues et il propose des analyses parfois audacieuses, mais toujours dignes d’intérêt et stimulantes, même si l’on peut être en désaccord avec l’auteur.
Ses index ainsi que sa table des matières détaillée en font un bon outil de travail.

Jacques Meunier

[tiré de L’Héritage n°10]


Notes   [ + ]

1. la véritable réforme étant… la « Contre-Réforme ».
2. ce traité étant carrément une transcription de «  la Kabbale, [et] une véritable déclaration de guerre contre le rationalisme scolastique ».