De Gaulle et la « justice d’exception », par Jacques Laurent

De Gaulle à Alger en 1958, promettant mensongèrement de garder l’Algérie française.

Voici quelques rappels sur une période sombre de l’histoire de France, lorsque la tyrannie gaulliste s’exerçait à l’occasion de la trahison de l’Algérie française.

Notre époque ressemble de plus en plus à celle-là. La justice est « aux ordres » – de l’idéologie de gauche et du régime – et, parallèlement, l’administration exerce un totalitarisme croissant (dissolutions, interdictions ou attaques financières à l’encontre des médias pas suffisamment alignés…).

Voici un extrait de ce qu’écrivait Jacques Laurent, dans son fameux Mauriac sous De Gaulle :

« Pour rendre De Gaulle agréable à ses lecteurs, Mauriac feint de croire, d’abord que Bastien-Thiry l’a assassiné, ensuite que De Gaulle ayant ressuscité n’a répondu à ce crime que par une charitable indulgence. Or, De Gaulle a fait juger Bastien-Thiry par un tribunal spécial, c’est-à-dire sans les garanties que notre civilisation accordait habituellement aux accusés et sans aucun des recours que le droit permettait d’invoquer contre tout verdict. La seule atténuation eût pu venir d’une grâce dont De Gaulle seul disposait.

Dans ce procès il était partie, il disposait des juges, il disposait du recours. Bastien-Thiry fut fusillé.

La Justice est avec la Défense nationale la raison première et la finalité du pouvoir.

On peut juger du régime gaulliste si l’on observe d’abord que sous ce régime une même infraction peut être indifféremment soumise au Tribunal correctionnel (l’appel devant la Cour et le pourvoi en cassation sont possibles), aux Assises (pourvoi en cassation), au Tribunal militaire (pourvoi en cassation) ou à un Tribunal d’exception (aucun appel, aucun pourvoi).

Quand il s’est agi des pétainistes, quand il s’est agi des putschistes, De Gaulle a employé la même exception : la justice passera. Elle suffit à montrer qu’il substituait la vengeance à la justice. Dans les deux cas, il recourut à une justice exceptée.

Elle procure entre autres avantages les lois pénales rétroactives, la possibilité de suspendre les avocats à l’audience, la suppression du contrôle de la Cour de cassation sur les nullités de procédure, la procédure réduite, la mise en liberté provisoire cessant d’être un principe pour devenir une exception, l’ouverture des correspondances privées, la perquisition sans mandat de justice, l’écoute des conversations téléphoniques, la concession du régime politique au FLN (circulaire Michelet du 4 août 1959), son refus aux « activistes », l’amnistie raciste et discriminatoire. Le dessaisissement de la Justice au profit de l’Administration entraîne en outre les limitations à la liberté individuelle […] »