De Gaulle et la « justice d’exception », par Jacques Laurent

De Gaulle à Alger en 1958, promettant mensongèrement de garder l’Algérie française.

Voici quelques rappels sur une période sombre de l’histoire de France, lorsque la tyrannie gaulliste s’exerçait à l’occasion de la trahison de l’Algérie française.

Notre époque ressemble de plus en plus à celle-là. La justice est « aux ordres » – de l’idéologie de gauche et du régime – et, parallèlement, l’administration exerce un totalitarisme croissant (dissolutions, interdictions ou attaques financières à l’encontre des médias pas suffisamment alignés…).

Voici un extrait de ce qu’écrivait Jacques Laurent, dans son fameux Mauriac sous De Gaulle :

« Pour rendre De Gaulle agréable à ses lecteurs, Mauriac feint de croire, d’abord que Bastien-Thiry l’a assassiné, ensuite que De Gaulle ayant ressuscité n’a répondu à ce crime que par une charitable indulgence. Or, De Gaulle a fait juger Bastien-Thiry par un tribunal spécial, c’est-à-dire sans les garanties que notre civilisation accordait habituellement aux accusés et sans aucun des recours que le droit permettait d’invoquer contre tout verdict. La seule atténuation eût pu venir d’une grâce dont De Gaulle seul disposait.

Dans ce procès il était partie, il disposait des juges, il disposait du recours. Bastien-Thiry fut fusillé.

La Justice est avec la Défense nationale la raison première et la finalité du pouvoir.

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Rappel à Dieu de Jean-Claude Pérez, l’un des principaux chefs de l’OAS

Jean-Claude Pérez a différents moments de sa vie.

Jean-Claude Pérez avait 95 ans.
Médecin diplômé en 1954, il exerça son métier d’abord à Alger dans le quartier de Bab El-Oued, puis à Paris jusqu’en 1995.

N’appartenant à aucun parti politique, mais sensible aux événements se déroulant en Algérie, il s’impliqua dès 1953 dans la défense de cette province française où il faisait bon vivre pour toutes les populations.
Alors qu’il était totalement étranger à l’attentat, il fut incarcéré quelques mois en 1957 dans le cadre de l’enquête sur l’« affaire du Bazooka » (tentative de meurtre du général Salan, vraisemblablement manigancée par les milieux gaullistes).
Il devint  plus tard l’un des chefs de l’Organisation Armée Secrète.
Il fut incarcéré encore de façon épisodique dans diverses prisons algériennes et métropolitaines jusqu’en 1965, et fut condamné à mort par contumace pour son rôle au sein du commandement national de l’OAS. Il fut amnistié en 1968 en même temps que les autres résistants patriotes encore condamnés.
Sa deuxième fille, Emmanuelle, a épousé Ali Boualam, un des fils du bachagha Boualam.

► On peut se procurer ici quelques livres écrits par le Dr Pérez, ainsi que le remarquable Mémoires d’Empire auquel il a contribué.

► Voici l’émouvant témoignage de l’un de ses cousins :

« Mon cousin, le docteur Jean-Claude Pérez, vient de nous quitter et c’est une partie de ma jeunesse qui est partie avec lui. Pas un seul homme ne fut un aussi grand défenseur de l’Algérie Française que Jean-Claude. Est-il nécessaire de rappeler qu’il fut le « patron » des commandos « Delta » et eu sous ses ordres le lieutenant Degueldre et, bien avant, l’organisateur des « Barricades » en janvier 1960 avec Pierre Lagaillarde. J’étais alors à ses côtés.
Jean Claude était le « docteur » de Bab-el-Oued, de tout ce petit peuple qui un jour du mois de Mars 1962 s’éleva contre l’abandon de la France et fut bombardé et assiégé par l’armée française, sous les ordres de De Gaulle et du général Ailleret.

Je me souviens d’une anecdote qui m’a beaucoup marqué : une bombe avait éclaté boulevard de Provence, à l’arrêt du tram.
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C’était un 6 février… 1934 : le meurtre de patriotes scandalisés par la corruption

À l’appel d’organisations patriotiques (Croix-de-feu, Ligue d’Action française, Jeunesses patriotes, Solidarité française…), des dizaines de milliers de Français, dont beaucoup d’anciens combattants, manifestent à Paris contre la corruption extrême qui règne dans les milieux politiques (l’affaire Stavisky est un élément déclencheur), au cri de « à bas les voleurs ! »

Alors que la tension monte et que les Croix-de-feu se dispersent sagement, rive droite, des heurts ont lieu entre manifestants et policiers. La foule s’approche trop du Palais Bourbon au goût du Régime, qui fait tirer les Gardes mobiles sur les citoyens…

22 Français mourront sous les balles ou les coups de la République (liste ci-dessous) et plus d’un millier sera blessé.

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C’était aussi un 6 février 1945 : la mise à mort de Robert Brasillach

« Les derniers coups de feu continuent de briller
Dans le jour indistinct où sont tombés les nôtres.
Sur onze ans de retard, serai-je donc des vôtres ?
Je pense à vous ce soir, ô morts de Février. »

Robert Brasillach, la veille de sa mort

Poète, écrivain (les livres de lui et sur lui sont achetables ici) et journaliste nationaliste célèbre, Robert Brasillach était fusillé à l’âge de 35 ans, victime de l’Épuration gaullo-communiste.

Homme de grand talent, Brasillach laisse derrière lui – bien que relativement jeune – une œuvre très abondante et variée : romans, études, histoire, mémoires, cinéma et critiques littéraires…
Les communistes savaient quel danger cet homme représentait pour leur plan de conquête culturelle et voulaient sa mort.
De Gaulle, qui lui en voulait et qui voulait complaire aux communistes, refusa la grâce de cet homme condamné à mort pour ses écrits, malgré l’impressionnante pétition d’intellectuels de divers bords qui l’avaient demandée.

Voici le récit de sa mort, par son courageux avocat, Jacques Isorni :

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Il y a 40 ans mourait Louis Aragon : un sale type, au talent très surestimé


Cet écrivain médiocre – qui s’est comporté ignoblement en 1945, cherchant à éliminer du monde des Lettres ses confrères de droite par tous les moyens – est mort le 24 décembre 1982, à 85 ans.
Il fut un vrai rouge, laudateur de Staline jusqu’à très tard.
Il a même écrit un poème au Guépéou (GPU, la police politique de l’URSS, qui deviendra le NKVD puis le KGB) !
Rappelons que de 1929 à 1934 cette aimable organisation va s’occuper des paysans, ces koulaks inutiles dans le monde nouveau du socialisme réalisé : 10 000 000 de morts.
C’était le prix à payer pour la destruction d’une classe sociale devenue embarrassante. De 1934 à 1939, ce sera la grande terreur avec près d’un million de personnes tuées dans les seuls centres du Guépéou. Puis la mise au pas des nations, avec des millions de déportations au Goulag dans des conditions abjectes.

Aragon écrivait de son côté (1931) :
« […] Constituez le tribunal révolutionnaire
J’appelle la Terreur du fond de mes poumons
Je chante le Guépéou  qui se forme
en France à l’heure qu’il est
Je chante le Guépéou nécessaire de France
Je chante les Guépéous de nulle part et de partout
Je demande un Guépéou pour préparer la fin d’un monde […] »

Nous avons trouvé dans un vieux livre une notice qui résume assez bien cet auteur très choyé par la gauche et la République :

« Un écrivain très surfait ; ses romans sont pour la plupart mortellement ennuyeux (nous préférons encore ceux de sa femme Elsa Triolet, pourtant assez superficiels).
« La Semaine sainte », son chef-d’œuvre paraît-il, nous est tombé des mains au bout d’une centaine de pages.
Dans la plupart de ses poèmes, il n’y a que des vers de mirliton ; une dizaine d’entre eux ont une chance d’échapper au naufrage.

Quant à l’homme, le moins qu’on puisse dire est qu’il manquait de caractère.
Il a sans doute adhéré au Parti communiste parce qu’il lui donnait des certitudes qui manquaient à sa faiblesse, mais il n’a pas eu le courage de le quitter publiquement quand l’escroquerie est devenue patente aux plus aveugles.
Grand épurateur des lettres en 1945, après avoir très bien vécu sous l’Occupation sans être sérieusement inquiété, il s’est servi de la puissance de l’Armée rouge pour essayer de déshonorer des écrivains dont la plupart ne méritaient pas le blâme.
Il aura beaucoup fait parler de lui, ce qu’il voulait avant tout, mais nous ne croyons pas qu’il restera grand’chose de son œuvre. »

 tiré du
Petit dictionnaire des farceurs
et gens sérieux de ce siècle
, Ed. Albatros.

5 décembre : anniversaire de la naissance du franc

N’oublions pas notre monnaie nationale, outil indispensable de notre souveraineté et de notre santé économique. Pas de nation libre sans sa monnaie propre, évidemment.

L’espoir de la retrouver prochainement n’a rien de naïf, même si aucun gros parti ne le défend désormais.

Le 5 décembre 1360, les premiers francs sont frappés à Compiègne, pour aider à payer la rançon du roi Jean II de France (capturé par les Anglais le 19 septembre 1356 à la bataille de Poitiers).
Dénommé le « franc à cheval », il s’agit en fait d’un écu pesant 3,87 grammes d’or fin et valant une livre tournois ou 20 sols.
Le roi y est représenté sur un destrier, armé d’un écu à fleur de lys et brandissant l’épée, avec l’inscription circulaire « Iohannes Dei gratia Francorum Rex » (« Jean, par la grâce de Dieu, Roi des Francs »).

Au dos, on lit sur le pourtour « XPC VINCIT • XPC REGNAT • XPC INPERAT », vieille acclamation carolingienne signifiant « le Christ vainc, le Christ règne, le Christ commande ».
Ça a plus de gueule que les monnaies républicaines, non ?

Bien que le mot « franc » signifie « libre », il est plus probable que le nom de la monnaie vienne tout simplement de la première inscription.
Le roi, lors de son retour, instituera officiellement cette monnaie, avec en ligne de mire la fin des dévaluations qui se sont répétées durant la première moitié du siècle :
« Nous garderons monnaie stable qui puisse demeurer en un état le plus longuement que l’on puisse bonnement et qui ne grèvera point notre peuple ».

On est loin des préoccupations des États et des banques d’aujourd’hui…

Esclavage : 12 choses méconnues. Attention au choc !

On parle beaucoup de l’esclavage, dans les médias, à l’école, dans les cénacles politiciens, dans des manifestations même.

Mais a-t-on une vision complète et réaliste de ce terrible phénomène ?

Voici 12 réalités qui sont ignorées par la plupart des gens, même ceux qui parlent le plus d’esclavage.
Ces vérités dérangeraient-elles une idéologie en particulier ou un agenda politique ?

1) L’esclavage a été pratiqué très longtemps et presque partout ; mais son abolition est apparue dans le monde européen, sous la pression de l’Eglise catholique particulièrement.

2) L’esclavage a constitué un progrès chez de nombreux peuples primitifs, dans la mesure où il sauvait la vie des hommes vaincus en cas de conflit, qui, sinon, étaient massacrés (les femmes étant « mariées » de force).

3) Aux Etats-Unis, au moment de la Guerre de Sécession, seuls 2% des Blancs possédaient des esclaves (4,8% dans les Etats esclavagistes).

4) Le général Lee, commandant des armées sudistes, était hostile à l’esclavage.

5) De nombreux Blancs furent esclaves aux Etats-Unis et dans les îles. En 1640, dans les plantations de canne à sucre des Iles de La Barbade, 21 700 blancs sont recensés sur 25 000 esclaves. De 1609 à 1800, près des deux tiers des Blancs arrivent en Amérique comme esclaves.
Au XVIIe siècle, il y eut davantage de Blancs déportés aux Amériques que de Noirs.

6) Des Afro-américains possédaient eux aussi des esclaves. L’un des premiers propriétaires d’esclaves aux Etats-Unis fut un Noir (Anthony Johnson), qui avait d’ailleurs des serviteurs blancs.

7) Le mot « esclave » vient du nom « Slave », car les peuples slaves (d’Europe centrale et de l’Est) ont été victimes de la traite à très grande échelle (plusieurs millions) pendant des siècles, notamment par l’Empire ottoman.

8) Du IXe au XIXe siècles, environ 2 millions d’Européens de l’Ouest – hommes, femmes et enfants – sont capturés par les musulmans et réduits en esclavage.
Pendant des siècles, de nombreux hommes capturés sont – comme dans le cas des Slaves – castrés, opération qui entraîne la mort d’une grande partie d’entre eux. Quant aux femmes, elles sont souvent destinées à l’esclavage sexuel et livrées à la perversité de leurs « propriétaires », ce qui est parfois aussi le cas des enfants.
Pour donner une idée de l’ampleur de ces razzias, une lettre du 3 février 1442 adressée par un religieux qui résidait à Constantinople au prieur de Saint-Jean-de-Jérusalem (de l’ordre des hospitaliers) mentionne l’enlèvement par les Turcs de 400 000 chrétiens en seulement 6 ans.

9) Pendant des siècles, les Barbaresques (occupant le Maghreb) terroriseront la Méditerranée et ses rivages où ils capturent des Européens, mais ils séviront aussi en Atlantique, jusqu’aux côtes anglaises. La France a conquis Alger, en 1830, pour mettre fin à ce fléau.

10) • La traite arabo-musulmane a concerné environ 17 millions de personnes.
• La traite interne à l’Afrique (entre Noirs) a concerné environ 14 millions de personnes.
• Enfin, en dernière position, la traite vers l’Amérique et les îles a concerné de 9 à 11 millions de personnes (noires et blanches).
• La plupart des Noirs déportés vers les Amériques avaient été réduits en esclavage par d’autres Noirs puis revendus.

11) Pour la traite transatlantique, une très grande partie des navires négriers appartenaient à des familles juives, et des historiens juifs écriront même que « ce commerce était principalement une entreprise juive » I. Au milieu du XIXe siècle, aux Etats-Unis, 40% des Juifs possédaient des esclaves (contre 2% des Blancs).
Dès le IXe siècle, en France, les Juifs étaient communément montrés comme les maîtres de ce « malheureux trafic »II.

12) L’esclavage existe encore dans certaines parties du monde arabo-musulman (des images de marchés aux esclaves ont été prises en Libye en 2017) ainsi qu’en Afrique : on estime que près de 40 millions de personnes dans le monde vivent encore en esclavage…
Mais il existe aussi en Europe : aux Pays-bas, chaque année, plus d’un millier de jeunes filles sont victimes d’exploitation sexuelle par des jeunes proxénètes issus de l’immigration ; en Angleterre, dans la seule ville de Rotherham, entre 1997 et 2013, 1400 mineures ont été victimes de viols par des gangs pakistanais, des centaines de jeunes filles réduites à l’esclavage sexuel et à la prostitution.

Henri Ménestrel

Bonus :
Christiane Taubira, montrant que les élites savent certaines choses mais veulent les cacher par idéologie, explique qu’il ne faut pas trop évoquer la traite négrière arabe-musulmane pour que les « jeunes Arabes » « ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes » (L’Express, 4 mai 2006).

Sources :
La désinformation autour de l’esclavage, Arnaud Raffard de Brienne, Atelier Fol’Fer.
Le Génocide voilé, Tidiane N’Diaye, Gallimard.
La désinformation autour de la Guerre de Sécession, Alain Sanders, Atelier Fol’Fer.
Traites négrières, Olivier Pétré-Grenouilleau, Folio.
(I) New world Jewry, Seymour B. Liebman (American jewish historical society), 1982.
(II) Les Négriers en terre d’islam, Jacques Heers, Perrin.
Jews and judaism in the United States, Marc Lee Raphael (American jewish historical society).
They Were White and They were Slaves, Michael A. Hoffman

Histoire de France : le mauvais roman de Jean-Christian Petitfils

Rappel : les recensions s’apparentent chez nous à des tribunes libres.

Article paru dans notre n°14.

Par Jérôme Lingon

« L’ouvrage scandaleux d’un « historien » fameux dans les milieux conservateurs — l’Histoire passionnée de la France de Jean Sévillia —, avait été sévèrement critiqué, à juste titre, dans un précédent numéro de cette revue.

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Une association antimoderniste secrète : le « Sodalitium Pianum », dit « La Sapinière »

Le texte qui va suivre a pour objet l’étude d’une association réputée secrète (en réalité « discrète ») qui existait il y a environ un siècle : le Sodalitium Pianum, aussi nommée en France « la Sapinière »…
Point particulier de cette structure d’espionnage et de contre­-infiltration : elle avait pour objectif la lutte contre le modernisme et contre toute forme de libéralisme au sein de l’Eglise catholique romaine.

Cette organisation s’est inspirée de cer­taines techniques utilisées par des organi­sations maçonniques ou autres (secret, infiltration) que nous avons l’habitude de dénoncer, et les a mises à son profit.

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St Pie X

Saint Pie X est le premier à lutter de manière radicale contre la pénétration moderniste de l’Eglise catholique. Après son élection le 4 août 1903, le pape prend une série de mesures anti-moder­nistes et c’est en 1910 que tout le clergé doit souscrire au serment « anti-moderniste ». Le Souverain Pontife n’est pas le seul à s’inquiéter du modernisme qu’il tenait pour « La synthèse et le venin de toutes les hérésies qui tendent  à  saper les fondements de la foi et à anéantir le Christianisme ». Beaucoup partagent son inquiétude de voir se former « une Eglise dans l’Eglise » . Parmi eux, Mgr Benigni va jouer un rôle de premier plan.

Le fondateur de l’Association : Mgr Benigni

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Mgr Benigni

Umberto Benigni est né en 1862. A la fin du 19e siècle, il écrit dans de nombreux journaux. En 1906, il est nommé sous­-secrétaire aux affaires ecclésiastiques au moment où Pie X lance sa grande offen­sive contre les modernistes. Ayant com­pris l’importance de la presse, Monseigneur Benigni fonde en 1907 une agence de presse (la Corrispondenza romana) destinée à observer les courants qui traversent l’Eglise , mais surtout, en fait, les infiltrations modernistes dans la presse catholique. Il s’entoure d’un groupe de collaborateurs : c’est la naissance du Sodalitium Pianum.

En France, certains veulent écarter Mgr Benigni, la République  craignant les consignes de résistance qui sont données aux catholiques français. En 1913, Mgr Benigni songe à obtenir  l’approbation canonique pour son organisation, mais le 20 août 1914 saint Pie X meurt et Mgr Benigni met un terme aux activités du Sodalitium Pianum.

Benoît XV, qui succède à Pie X, autorise Mgr Bénigni à reprendre son action, mais l’appui du nouveau pape, accablé par les soucis de la 1ère Guerre Mondiale, n’est pas le même. Les atta­ques se font nombreuses. Pendant l’oc­cupation de la Belgique, les Allemands mettent la main sur un document du Sodalitium qui, publié en 1921, fera beaucoup de bruit. Benoît XV demande que « dans les circonstances actuelles qui ont changé » le Sodalitium soit dis­sout. Ce n’est pas une volonté de chan­ger le dogme qui est la cause de cette dissolution ; en effet Benoît XV renou­velle la condamnation  du  modernisme et exige encore que les prêtres souscrivent au serment anti-moderniste. Disons plutôt qu’un changement de la politique vaticane a lieu avec Benoît XV et plus encore avec Pie XI. Pour eux « le vent de l’histoire avait tourné ». Mgr Benigni meurt en  1934 à 72 ans.

Les caractéristiques de l’Association

Analysons maintenant ce qu’était le Sodalitium Pianum : voyons de qui il était composé, quelle était son action, sa doctrine et la manière dont il a été perçu.

Il est fondé sur le principe des socié­tés secrètes qui ont préparé la Révolution Française et qui ont forte­ment contribué à instaurer certaines lois et modes de vie contre-nature que nous connaissons encore aujourd’hui. Le terme de guerre psychologique n’existait pas encore, mais c’est de cela dont il s’agissait et dont il s’agit toujours.

  • Composition et action :

Le Sodalitium se composait d’une centrale romaine et de plusieurs membres isolés. La centrale romaine, appe­lée « la Diète », se composait de trois ou quatre prêtres et avait pour mission d’informer le Saint Siège en lui communi­quant les documents reçus. Cette centrale était entièrement secrète.

Les membres isolés, quant à eux, avaient pour mission de recueillir tous les documents concernant -l’infiltration moderniste et de les transmettre ensuite à la Diète. Ils devaient également réaliser une infiltration contraire dans la presse et l’édition, pour présenter au monde une vision intégralement catholique , sans compromission avec l’esprit du siècle.

  • Doctrine :

Le Sodalitium avait une doctrine clai­rement définie, qui avait été approuvée par St Pie X : il fallait être des catholi­ques romains intégraux (« intégraux » signi­fiant qui n’ajoutent ou ne retranchent rien) et dénoncer la révolution jacobine qui place tous les individus à égalité dans un super État et déhiérarchise la société. Enfin l’organisation se présen­tait comme contre-révolutionnaire.

Le Sodalitium considérait qu’il y avait une lutte éternelle entre l’Eglise romaine et ses ennemis internes ou externes. Les ennemis externes étant les sectes et les internes des pions, modernistes ou libéraux, qui étaient entre les mains de certains grands pen­seurs et étaient chargés consciemment ou pas de semer le désordre chez les catholiques. Les ennemis étaient com­battus avec tous les moyens « honnê­tes et opportuns ». Il était cependant expliqué que seules les idées seraient combattues, les ennemis étant traités comme des « frères égarés ». Le Sodalitium se comparait à une milice engagée dans le combat des  idées.

Le Sodalitium souhaitait  rassembler la vie sociale sous l’influence de  l’Eglise, il se disait contre le démocra­tisme et par conséquent pour l’organisa­tion corporative de la société. L’antimilitarisme et le pacifisme utopi­que étaient rejetés car ils avaient pour objectif d’endormir la société dans un rêve. Il s’opposait au féminisme, à la coéducation des sexes, à l’éducation sexuelle et à la séparation de la religion de toutes choses (sciences, cité, littéra­ture, art, Etat. ..). Enfin, le Sodalitium dénonçait la manie ou la faiblesse de beaucoup de catholiques de vouloir paraître auprès du monde « conscients  et  évolués »,  « vraiment  de  leur temps », […]

LIRE LA SUITE DE CET ARTICLE DANS L’HÉRITAGE N° 6 :

Les Alains en Gaule

De toutes les peuplades barbares qui se sont installées en Gaule au Ve siècle de notre ère, la plus méconnue est sans doute celle des Alains.

Cavalier alain

Ils ont pourtant l’originalité d’être les plus proches des fameux Aryas de l’Inde. Les linguistes les appellent des Indo-iraniens.

Les Alains sont cousins des Sarmates, provenant des contrées situées entre le Don et la mer d’Azov. Ce sont des barbares. Certains d’en- tre eux, les Agathyrses, se chamarrent le corps de couleur bleue. D’autres, les Gélons, arrachent la peau des ennemis vaincus pour s’en faire des vêtements.

Les Alains sont aussi connus pour scalper leurs adversaires et en attacher les cheveux à leur monture. Dans les confins orientaux du monde alain, on s’adonnerait même à l’anthropophagie.
C’est le témoignage d’un Romain, Ammien Marcellin, qui nous a fait connaître les coutumes de ce peuple. Jugement d’un Romain raffiné qui jette un regard impitoyable sur les mœurs alaines.

La rusticité de leurs cultes l’épouvante : « la religion chez eux n’a ni temple ni édifice consacré, pas même une chapelle de chaume. Un glaive nu, fiché en terre, devient l’em- blème de Mars ; c’est la divinité suprême, et l’autel de leur dévotion barbare ». D’ailleurs, parvenir à la vieillesse dans ce peuple guerrier est un déshonneur, le stigmate de la lâcheté. L’archéologue Iaroslav Lebedynsky a aussi affirmé que les Alains adoraient les divinités du feu et du soleil.

Quant à leur aspect physique, il confirme leur parenté lointaine d’avec les Aryas :
« Les Alains sont généralement beaux et de belle taille et leurs cheveux tirent vers le blond ».(1)Toujours selon Ammien Marcellin
Au XXe siècle, les archéologues ont identifié les descendants des Alains avec la nation ossète sur les contreforts du Caucase. A cause de leur apparence nordique, les archéo- logues allemands les appelaient les « Germains du Caucase ».

Les Sarmates, dont sont issus   les Alains ont aussi laissé leur empreinte en Gaule. De race indo- iranienne, ils sont aussi des proches cousins des Aryas.

A la fin du IIIe siècle de notre ère, Rome mène en Gaule une politique systématique de colonisa- tion des zones dépeuplées. On appelle les colons les Lètes. Ce sont en majorité des Francs et des Frisons, mais aussi des Sarmates, employés comme corps auxiliaires pour garder les voies romaines. On connaît trois lieux de peuplement : Salmaise en Cote d’Or, Sermaise dans la Nièvre et Sermaize dans la Marne.

Les Alains sont des cavaliers nomades : « les hommes faits, rompus dès l’enfance à l’équitation, regardent comme un déshonneur de se servir de leurs pieds »(2)Idem.. Ils ignorent le travail de la terre, leurs maisons sont des chariots couverts d’écorce.

Pourquoi vont-ils fondre sur la Gaule?

L’arrivée des Huns contraint les Alains à fuir avec les Wisigoths et les Ostrogoths vers      l’Empire romain.
Précisons au passage que contraire- ment à l’opinion répandue en Occident, les Huns n’étaient pas majoritairement de race asiatique, puisque seul un quart d’entre eux présentaient des traits mongoloïdes, d’après les travaux de l’archéologie(3)Spécialement ceux d’Istvan Boba. La majorité était donc vraisemblablement des Blancs de race turque.
Cette poussée hunnique les mène en Germanie.

Le 31 décembre 406, 50 000 Alains franchissent le Rhin gelé sous l’égide du roi Goar. Ils écrasent les colons francs dirigés par le duc de Mayence et emportent Strasbourg, Reims, Amiens, Arras. En 408, les Alains suivent les Vandales et franchissent la Loire.

Cependant, et c’est là que les Alains entrent pleinement dans l’histoire du peuplement de la Gaule, une partie des tribus alaines accepte de se soumettre à l’autorité de Rome et sont installés par Aetius autour de la Loire et d’Orléans. On évalue le nombre de ces coalisés à 15 000. Une centaine de localités dans l’Orléanais gardent le souvenir de l’épopée alaine : Allaines, Alainville, Allaincourt…

Une autre partie, sous l’autorité du roi Sambida, s’installe le long du Rhône, près de Valence.
Les Alains sont employés comme mercenaires par les Romains.
De 445 à 448, placés sous l’autorité d’Eochar, ils répriment une révolte en Armorique.

En 451 ils contraignent les Huns d’Attila à mettre le siège devant Orléans. La même année, leur cavalerie lourde est au centre du dispositif militaire romain aux Champs catalauniques, elle y fait des prodiges.
D’autres Alains poursuivront leur route loin vers le sud. S’arrêtant momentanément en Galice, ils créeront avec les Vandales un État barbare en Afrique du nord.

Jean Dartois

[tiré de L’Héritage n°3]

Notes   [ + ]

1. Toujours selon Ammien Marcellin
2. Idem.
3. Spécialement ceux d’Istvan Boba

1924-1925 : une folle année

Histoire des étudiants nationalistes à Paris

par Jean Dartois

Bagarre politique dans une rue de Paris, vers 1910. Fréquent, à l’époque.

Nous entreprenons la poursuite de notre chronique des combats nationalistes en milieu estudiantin par le récit d’une année universitaire au Quartier Latin dans les années 20. A l’époque, l’année commençait en novembre, car les vendanges requéraient une main d’œuvre jeune et industrieuse. A la rentrée, l’étudiant retrouvait une faculté sereine, purifiée par l’air vivifiant du patriotisme. Aux dires de la presse marxiste, la « jeunesse dorée » avait fait des universités des citadelles réactionnaires.

Le phénomène n’était d’ailleurs pas le seul fait de la jeunesse française L’idée nationaliste recevait un large écho dans l’ensemble des universités d’Europe. En Italie, à l’instar d’Italo Balbo, nombre d’étudiants avaient rejoint les Faisceaux, ce qui était aussi une façon pour eux de financer leurs études en alliant l’utile à l’agréable, puisque les grands propriétaires de Ferrare payaient les squadristes(1)Membre des « milices » fascistes. Le mot vient de squadre d’azione (littéralement : « escouades d’action ») d’où le nom de squadrismo. Peu soucieux de légalité, les squadristes constituaient les troupes de combat de ce mouvement. disposés à «nettoyer» des latifundia. En Allemagne, les étudiants se passionnaient pour l’aventure des corps francs, défenseurs d’un espace germanique menacé. Le souvenir des héros tombés à Langemark planait dans les Burschenshaften, les corporations étudiantes. La Hongrie mutilée donnait aussi dans la défense d’un certain idéal. « Turul » , du nom de l’oiseau légendaire magyar, rassemblait les étudiants désireux d’en imposer aux apatrides. Les universités de l’Europe entière étaient traversées d’un même souffle. Toutes haïssaient toutes le bolchévisme, « cette maladie qui ne prospère que sur les tissus malades ».

Dans la France victorieuse de 1919, la jeunesse des facultés était réceptive aux thèses de l’Action française.

Venons-en à la situation politique. En 1924, la chambre « bleu horizon » tient du passé. Le Cartel des gauches est aux commandes et s’efforce de tarir le bel élan patriote et spirituel qui avait soulevé la France en 1919. Il n’est plus question de ranimer la foi ancestrale des Français, mais de raviver l’abject matérialisme des Lumières. On vote la suppression de l’ambassade au Vatican et l’on reconnaît l’URSS. Le 23 novembre 1924, le cabinet radical procède au dépôt des cendres de Jaurès au Panthéon. 50 000 communistes défilent silencieusement, des centaines de drapeaux rouges à la main, au cœur du Quartier étudiant, longeant le boulevard Saint-Germain et le boulevard saint-Michel. De leur côté, des étudiants d’AF et des Jeunesses Patriotes organisent une marche vers la tombe de Marius Plateau, responsable de Camelots assassiné l’année précédente par une folle anarchiste, Germaine Berton(2) Bien qu’ayant avoué son crime, elle fut acquittée lors de son procès !. Le défilé nationaliste est assez peu suivi.

Bagarres au Quartier Latin

Les événements étudiants éclateront en mars 1925.
Le « vomissement politique », pour employer l’expression gauloise et quelque peu ordurière de Léon Daudet est la marque de cette année. Pour empêcher un professeur – Georges Scelle, ennemi farouche de la cause nationale – d’enseigner, les étudiants créent un climat d’agitation dans les locaux de la faculté de Droit, place du Panthéon. La police intervient une première fois le 9 mars, elle reviendra le 28 mars 1925, où la violence atteindra son paroxysme, avec une centaine de blessés dans le camp des étudiants, et 11 chez les forces de l’ordre.
L’association générale des Étudiants de Paris déclenche une grève qui gagnera les universités de province.
Il faut se représenter le climat de cette occupation de locaux. Il est amusant et cocasse. C’est en relisant le récit alerte de cet épisode dans les livraisons de l’AF que l’on en saisit la couleur. Maurice Pujo, compagnon des étudiants se fait le rapporteur frémissant de ce joyeux tumulte. Les étudiants chantent une composition destinée à décrier le petit ministre François-Albert, le « ministricule » : « t’es bien trop petit, mon ami… ».  Les slogans ont le cachet des années 20 : « Conspuez Scelle, conspuez ! »
Une chose cependant n’a pas changé : la disposition innée des « fafs » à la bagarre. Lorsque, place du Panthéon, les communistes, protégés par un cordon de police, hurlent l’Internationale, les étudiants fondent sur eux.

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Notes   [ + ]

1. Membre des « milices » fascistes. Le mot vient de squadre d’azione (littéralement : « escouades d’action ») d’où le nom de squadrismo. Peu soucieux de légalité, les squadristes constituaient les troupes de combat de ce mouvement.
2. Bien qu’ayant avoué son crime, elle fut acquittée lors de son procès !

Sainte Jeanne d’Arc, modèle de sainteté politique

par l’abbé Bruno Schaeffer

L’histoire et la mission de Sainte Jeanne d’Arc comportent tous les éléments éclairant notre combat politique, elles suivent l’ordre naturel et l’ordre surnaturel, les croisant dans la devise célèbre de notre héroïne nationale : « Messire Dieu premier servi ».

Cet ordre, c’est d’abord la naissance dans une famille chrétienne, dans l’éducation maternelle, avec l’appui d’une paroisse chrétienne, de la doctrine et des sacrements. Tel est l’ordre établi par Dieu, dans sa création et dans sa grâce.

Le deuxième miracle, si l’on peut dire, c’est le recours aux institutions légitimes de la nation française, la monarchie avec sa loi de succession, son caractère surnaturel  continué dans le sacre.  Enfin le prix de cette restauration de l’ordre temporel, c’est le sacrifice rédempteur de Jeanne, l’amour de Dieu l’emporte définitivement sur l’amour d’elle-même dans les flammes du bûcher de Rouen.

Nous pouvons être fiers et disciples de notre héroïne nationale, nous avons à apprendre d’elle la sainteté, elle éclate dans la limpidité d’une âme aimant Dieu sans retour sur elle-même dans l’obéissance et la docilité jusqu’à la fin de sa vie. Elle est l’instrument dans les mains de Dieu pour le salut de la France occupée par les Anglais, réduite à l’autorité d’un Dauphin en déroute et doutant de lui-même. La réponse vient d’un cœur de vingt ans résolu de tout souffrir pour accomplir la tâche assignée à sa faiblesse par le Bon Dieu. Son audace et son courage, Jeanne les puisent dans un renoncement à toutes les choses terrestres, dans son attachement à Dieu seul : « Je m’en remets de tout à Dieu pour créateur, dira-t-elle à ses juges, je l’aime de tout mon cœur, je m’en remets à mon juge, c’est le roi du ciel et de la terre ». Elle-même dans ses paroles définit sa sainteté. Don total de Jeanne parce qu’elle a entendu dans son coeur et sur son pays souffler la voix de Dieu.

En ce XVe siècle troublé, Dieu voulait une vierge inspirée pour redresser les voies de la Chrétienté en péril. Il se choisit une petite paysanne pour triompher au mépris des diplomates, des savants et des grands de ce monde. La marque divine est assurée. Une jeune paysanne de dix-sept ans pouvait-elle sans la volonté d’en haut affronter les hommes de guerre et ceux du pouvoir ?  Traverserles combats et les bandes de pillards, aller sur les grands chemins, les rivières, forcer les ponts-levis et aller jusqu’au Roi ? Combattante, elle se jette sur les bastides anglaises, elle entraîne les hommes d’armes pourris par les cantonnements des arrières. Elle renverse les intrigues, les inerties, les trahisons pour conduire à Reims un pauvre prince et en faire un roi. Puis, à 19 ans, elle se retrouve en prison les fers aux pieds, privée de la Sainte Eucharistie, un an de cachot, trois mois de procès, puis ce supplice l’horrifiant,  le feu où elle va mourir, s’écriant entre deux invocations du nom de Jésus « Mes voix étaient bien de Dieu ». Elle persiste jusque dans la mort par le témoignage de sa foi.

Telle est l’épopée de Jeanne, ses victoires, sa prison et sa mort. Le lien entre l’obéissance et la charité resplendit dans sa docilité et son humilité. « Sans la grâce de Dieu, déclare-t-elle, je ne saurais rien faire, tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par commandement de Notre-Seigneur ». Nous découvrirons ensemble Jeanne comme modèle de perfection chrétienne et comme sainte politique.

Jeanne, modèle de perfection chrétienne

Dieu est à l’œuvre. Jeanne a 12 ans, elle garde les troupeaux familiaux. Une voix du ciel l’avertit : « Jeanne, tu es celle que le Roi du Ciel a choisi pour le relèvement du Royaume de France. Le Roi du Ciel l’ordonne et le veut, la volonté qui s’accomplit dans le ciel, s’accomplira sur la terre ». Il en résulte chez Jeanne une plus grande piété prouvant que le ciel lui donne son éducation spirituelle. De Saint Michel, elle apprend la grande pitié du Royaume de France, en même temps elle reçoit une préparation aux objectifs politiques et militaires. Si bien que lorsque vient le moment de partir, elle ne s’étonne de rien, elle sait comme elle doit agir dans les conseils politiques comme sur les champs de batailles. « Je suis née pour cela », elle l’affirme : « Il faut que j’aille vers le Gentil Dauphin, c’est la volonté du Seigneur, le roi du ciel, que j’aille vers lui, dussé-je m’user les jambes jusqu’aux genoux ». A l’heure du départ, elle dit clairement à Jean de Metz : « Il n’est personne au monde, ni roi, ni duc, ni fille du roi d’Ecosse, ni autres qui puissent secourir le royaume de France. Il n’y a de secours à espérer que de moi ».

Sa mission politique lui est dictée d’en haut, elle la reçoit dans l’humilité, la Providence indique tout. Les obstacles ne l’effrayent point. « Quand j’eusse eu cent pères et cent mères et que je fusse fille de Roi, je serai partie ». Elle en témoigne lors au procès car « mes dits et mes faits sont de la part de Dieu ». Dans cette soumission à la volonté divine, elle puise la force de passer outre aux tendresses familiales. Pour suivre ses voix, elle s’arrache aux siens « Va, fille de France ». Elle va, passant outre les dires des juristes, des conseillers et des politiciens à l’affût des trêves, « Vous avez été à votre conseil, leur rétorque-t-elle, j’ai été au mien qui vaut mieux que le vôtre ». Il lui faudra parler devant les grands, ne rien céder à l’opposition des puissants, à l’inertie du Roi. Elle affronte les autorités prêtes aux compromis, elle menace le roi étranger, remonte le moral des populations abattues et impose à l’armée le respect de Dieu.

La foi de Jeanne emporte tout, communicative elle devient irrésistible. Elle a parfaitement compris que c’est le péché mortel qui fait perdre les batailles. Aux hommes d’armes déjà surpris d’avoir à s’enrôler sous la bannière d’une jeune fille, elle impose « qu’ils se missent en état d’entrer en la grâce de Dieu et que s’ils sont en bon état avec l’aide de Dieu, ils obtiendront la victoire ». La veille du grand combat d’Orléans, elle fit publier que « nul n’alla le lendemain à l’assaut s’en s’être présenté à confesse ». Aussitôt, la victoire remportée, elle envoie son chapelain « avertir publiquement tous les hommes d’armes de confesser leurs péchés et de rendre grâce à Dieu de leur victoire. Sans quoi, elle ne resterait pas parmi eux, et les laisserait là ». Devant Paris, c’est la retraite imbécile, « la ville eut été prise » soutient Jeanne mais l’archevêque de Reims est là, il prêche la modération : « Composons, composons, la paix, la paix ». Le lendemain, Jeanne sentant la trahison, sa mission change de forme. Ses ennemis la disent sorcière, la volonté royale s’embrouille dans les compositions diplomatiques. Sous les remparts de Melun, une voix lui souffle « Il faut que tu sois prise ».
Dans la perspective du procès devenu le mémorial de ses victoires et de sa passion, le témoignage de cette charité supérieure suprême où la vie s’offre à l’exemple du Christ au calvaire.

Elle sera brûlée vive pour n’avoir pas voulu renier cette mission surnaturelle dans le temps. Cette jeune fille sans instruction va tout de même tenir tête à cinquante huit juges. Elle triomphe des pièges des théologiens, des canonistes. L’un de ses juges s’en aperçut « Je pense que ce n’est pas elle qui parlait, mais qu’en elle parlait l’Esprit ». Elle admoneste vivement Cauchon : « Evêque, vous dites que vous êtes bon juge, prenez garde à ce que vous faites, car en vérité je suis envoyée de Dieu et vous vous mettez en grand danger ». Au moment de partir au bûcher, elle s’écrie à nouveau : « Si je ne disais que Dieu m’a envoyé, je me damnerai, Dieu aidant, j’espère aller en paradis ».

Telle est l’âme de Jeanne, en elle retentit le Fiat de la Sainte Vierge, tout y est relatif à Dieu.

Jeanne, Sainte politique

Dieu a fait d’elle la grande sainte de la charité politique, pour appeler à sa suite toutes nos nations à reprendre le chemin du bien commun ouvrant sur le bonheur du ciel. « Tu es phare de civilisation, proclame Pie XII, et l’Europe civilisée et le monde te doivent ce qu’il y a de plus sacré et de plus sain ; de plus sage et de plus honnête chez tous les peuples, ce qui exalte et fait la beauté de leur histoire ». Nous le croyons et l’espérons comme une extrême nécessité. « J’eus cette volonté de croire » avoue Jeanne.

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Saint Louis

Par Angélique Provost

Sa vie

C’est le 25 avril 1214, à Poissy, que Blanche de Castille et Louis VIII donnèrent naissance à leur bien-aimé fils Louis. L’enfant  ne grandira que douze ans aux côtés de son père, avant de se voir octroyer les fonctions royales, à la cathédrale de Reims, le 26 novembre 1226. Fonctions alors remises à sa pieuse mère jusqu’à sa majorité.

Ces neuf années de régence furent également celles de l’éducation du futur monarque à l’école de Blanche de Castille. Chacun sait la tendre rigueur avec laquelle elle éleva son enfant, à travers son précepte premier : « Mon fils, je préfèrerais vous voir mort à mes pieds que de vous savoir coupable d’un seul péché mortel ».

Sa majorité venue, chacun put en mesurer l’efficacité : à vingt-et-un ans, Louis était roi, actif, ferme, pondéré et juste, digne héritier de la lignée capétienne dont il était issu. Sa fermeté lui fit tenir tête aux évêques de son royaume lorsque ce fut nécessaire. Il ne se laissa pas impressionner par le statut de prélat. Dans un souci de justice, il punissait ceux qui abusaient de leur autorité spirituelle dans le royaume temporel, malgré la protection que leur accordait le pape Grégoire IX. Il savait cependant faire preuve du respect et de la soumission dus au Saint Père. Innocent IV — sous le pontificat duquel notre bon roi dut faire face aux querelles entre le Sacerdoce et l’Empire, mais aussi à la croisade —, couvrit le souverain d’éloges (scène émouvante que Louis Jean François Lagrenée mit en peinture) : « C’est vous, notre très cher fils, vous, le prince le plus glorieux de l’univers devant Dieu et devant les hommes (…) qui avez décidé de venir immédiatement à notre secours… »

Louis fut un roi sainement ambitieux. Affranchi de la tutelle maternelle en 1242, il ouvrit alors une ère de traités, d’agrandissement du territoire et de réconciliation. Il matta la révolte des seigneurs du Midi le 30 octobre 1242 en signant le traité de Lorris avec Raymond VII. Celui-ci renonça à Narbonne et Albi et s’engagea à combattre l’hérésie cathare. Quelque années plus tard, le 28 mai 1258, le roi d’Angleterre Henri III Plantagenêt et le roi de France Louis IX signèrent le traité de Paris, mettant ainsi fin à un conflit datant de plus d’un siècle. Enfin, par le traité de Corbeil du 11 mai 1258, Louis IX abandonna sa suzeraineté sur Barcelone et le Roussillon. En échange, Jacques Ier d’Aragon renonça à ses droits sur la Provence et le Languedoc. Pour sceller ce traité, Louis IX maria sa fille Blanche avec l’infant de Castille, Ferdinand de la Cerda, et Jacques Ier d’Aragon maria la sienne, l’infante Isabelle, avec le fils de Louis IX, le futur Philippe III.

En décembre 1244, le roi Louis IX tomba gravement malade et sentit venir la mort. En cas de guérison, il promit à Dieu de partir en croisade. Quelques semaines plus tard, son rétablissement fut miraculeux : il tiendra parole. Malgré les tentatives de dissuasion d’une mère aimante, rétabli, le roi s’apprêta à partir pour les royaumes chrétiens d’Orient en difficulté. C’est le 12 juin 1248, que saint Louis, roi de France, brandit l’oriflamme de ses ancêtres capétiens en la basilique de Saint-Denis et part avec son épouse la reine Marguerite de Provence, et ses trois frères, Robert Ier d’Artois, Charles d’Anjou et Alphonse de Poitiers.

Cette première croisade sera marquée par la captivité du roi Louis : une première dans l’histoire de France. Avec la plupart de ses soldats, il sera fait prisonnier par les mamelouks, maîtres de l’Egypte, au cours de la bataille de Fariskur. C’est à l’Ordre du Temple qu’ils durent une libération coûteuse, en mai 1250, un mois après le début de leur captivité.

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Le soleil de Bouvines

La survie de la France tient à peu de choses.
Qu’on se rappelle qu’à la suite du partage de Verdun (843) , elle n’était qu’un royaume à la périphérie du Saint Empire. Menacée à l’Ouest par l’Angleterre, à l’Est par l’Empire, la France n’a dû sa survie qu’à la volonté tenace d’une famille, les Capétiens.
Ces efforts conduiront enfin sous le règne de Saint Louis à l’officialisation par la papauté de l’indépendance effective du royaume face à l’Empire.

La bataille décisive de Bouvines est là pour nous rappeler que l’indépendance de notre nation fut toujours fragile et mérita tous les efforts de nos chefs.

Cette victoire éclatante, de par son retentissement formidable, doit être classée parmi les « mythes fondateurs » de la nation française. C’est sur un plateau qui domine d’une dizaine de mètres les marécages de Flandres, près de Lille, que s ‘est joué le destin de notre peuple. Pour la première fois depuis l’époque gauloise, une véritable armée populaire, levée par les communes, a réveillé le sentiment national.

1214 : la situation est grave, dramatique même. Lisons ce qu’en dit Jacques Bainville dans son Histoire de France : « Philippe Auguste s’occupait d’en finir avec les alliés que Jean Sans Terre avait trouvé en Flandre, lorsque l’Empereur Othon s’avisa que la France grandissait beaucoup. Une coalition des rancunes et des avidités se forma: le Plantagenêt, l’empereur allemand, les féodaux jaloux de la puissance capétienne, c’était un terrible danger national. »

Les coalisés espéraient broyer la puissance franque. Jean Sans Terre devait débarquer en Poitou et marcher sur Paris par le Sud. Au Nord s’avanceraient Flamands, Allemands et Hollandais. A l’issue des hostilités, le royaume devait être partagé entre les vainqueurs. Paris devait revenir au comte de Flandre.
Averti de ces menaces, Philippe Auguste lève deux armées.

Dès le 2 juillet, Jean sans Terre, dont l’armée constitue la pointe sud de la tenaille est terrassé par le prince Louis à la Roche- au- Moine, en Anjou. Au nord, Philippe Auguste guette les coalisés massés à la frontière du Hainaut. C’est à Bouvines qu’aura lieu le choc décisif .

En face de l’armée franque, les Impériaux, animés par la volonté d’anéantir le royaume.
Un soleil de plomb écrase la plaine et aveugle les Impériaux.
L’Empereur Otton se tient là, dans son armure : un dragon surmonté d’un aigle d’or. Il a juré d’en finir avec la France. Soudain, un silence impressionnant traverse les lignes françaises. Philippe Auguste, au centre de nos troupes, s’adresse aux combattants: « En Dieu est notre espoir, notre confiance. Le roi Otton et son armée ont été excommuniés… Ils sont les ennemis de la religion. »

Notre général en chef est un Frère Hospitalier, vêtu de la tunique rouge croisée de noir. Puis, les trompettes crachent leur musique de mort.

Enfin les deux masses d’hommes se heurtent.
La bataille est longtemps indécise.
Les contingents des communes lâchent pied devant l’infanterie teutonique, Philippe Auguste est même jeté à bas de son cheval avant d’être délivré par des chevaliers francs.

Le sort de la bataille sera finalement dû à la fougue et au courage de la chevalerie franque, qui trace des sillons de sang dans les rangs impériaux.
« On les vit à plusieurs reprises, par escadrons massifs, comme un énorme projectile, traverser de part en part les rangs ennemis. » (Funck-Brentano, le Moyen-Age).

Enfin, la victoire tant espérée se profile.
Otton s’est enfui, les Impériaux sont défaits.
Le nombre de prisonniers est considérable.
L’enthousiasme dans le royaume est énorme. Jamais on n’oubliera le soleil de Bouvines.

Jean Dartois

[tiré de L’Héritage n°1]

L’effroyable assassinat maçonnique de la princesse de Lamballe

Parlant des Francs-Maçons et de leurs forfaits, dans son admirable encyclique Humanum Genus, le Pape Léon XIII a écrit ces lignes : « Il n’est pas rare que la peine du dernier supplice soit infligée à ceux d’entre eux qui sont convaincus, soit d’avoir livré la discipline secrète de la Société, soit d’avoir résisté aux ordres des chefs ; et cela se pratique avec une telle dextérité que, la plupart du temps, l’exécuteur de ces sentences de mort échappe à la justice établie pour veiller sur les crimes et pour en tirer vengeance. »

Rien n’est plus vrai, en effet.

La Franc-Maçonnerie profite de toutes les circonstances pour frapper ceux dont elle a décidé la mort.

Quand ses victimes sont des personnages en vue, elle prend, d’ordinaire, ses mesures pour que l’assassinat soit mis sur le compte des passions politiques ; ainsi elle opéra surtout pendant la Révolution. Par exemple, il est certain que plusieurs meurtres essentiellement maçonniques furent commis à Paris, à la faveur des horribles massacres de septembre.

Citons le cas de la princesse de Lamballe.

Cette infortunée princesse, qui fut – personne ne l’ignore – l’amie dévouée de la reine Marie-Antoinette, avait eu la faiblesse, en 1777, de se laisser affilier à la Franc-Maçonnerie, dont elle ne soupçonnait pas les tendances.
Le but de la secte était, à cette époque, d’accaparer quelques personnes de la Cour, surtout celles admises dans l’intimité des souverains. La princesse aimait les fêtes ; on la prit par son faible.

Elle fut initiée par la Loge La Candeur, de Paris.

En 1781, elle fut élue Grande Maîtresse de la Mère Loge Ecossaise d’Adoption, c’est-à-dire qu’elle fut mise à la tête des Loges de Dames. Le jour de son installation, la « Sérénissime Sœur de Lamballe », le maillet en main, put entendre le Frère Robineau lui chanter, au nom du rite, des couplets fort galants :
« Amour, ne cherche plus ta mère/Aux champs de Gnide ou de Paphos/Vénus abandonne Cythère/Pour présider à nos travaux. Etc… »

D’un esprit très léger, elle ne comprit pas ce qui se tramait dans les Loges et n’ouvrit les yeux que lorsque la Révolution eut éclaté.
Mais alors elle fit son devoir sans aucune défaillance. Elle s’efforça de réparer le mal dont elle avait été la complice inconsciente. En novembre 1791, elle prit l’initiative de la surveillance qu’il était nécessaire d’exercer sur tous les foyers de conspiration. La secte jura de lui faire payer de sa vie son loyal retour au bien.

Au 10 août 1792, la princesse de Lamballe suivit, avec le plus grand courage, la famille royale à l’Assemblée, puis au Temple. Dans la nuit du 19 au 20 août, elle fut transférée à la Force.

Son sacrifice était héroïque ; elle savait, la malheureuse, quel sort l’attendait. On en a la preuve.

En effet, c’est après la fuite de Varennes (juin 1791) que la princesse avait eu les preuves du rôle joué par la secte. Chargée d’une mission en Angleterre, elle avait constaté, avec douleur, l’influence que les Loges exerçaient sur Pitt, le conseiller du roi Georges ; celui-ci avait refusé son intervention, Pitt avait été jusqu’à dire que Louis XVI n’avait que ce qu’il méritait. Après un court séjour en Angleterre, la princesse était passée à Aix-la-Chapelle ; c’est à ce moment qu’elle avait brisé les liens maçonniques. Elle avait rompu avec la secte, et, circonstance significative, fait aussitôt son testament ; ce document, qui a été publié, est daté du 15 octobre 1791. Puis, elle était rentrée en France, pour lier son sort à celui de la famille royale.

Le 3 septembre 1792, à la Force, elle comparut devant le tribunal de sang, présidé par le franc-maçon Hébert. Sa vaillante attitude a été immortalisée par Peltier et Bertrand de Molleville. Conduite dans la rue du Roi-de-Sicile, elle fut égorgée par les massacreurs. Un de ces misérables voulut lui enlever son bonnet avec la pointe d’un sabre et la blessa au front ; un autre la renversa d’un coup de bûche ; elle fut achevée à coups de sabre et de pique. Son corps fut mutilé, telle était la rage de ces scélérats ; on lui arracha le cœur ; on coupa sa tête, qui fut promenée, au bout d’une pique, jusque sous les fenêtres du Temple.

Plus tard, en 1796, ses assassins furent jugés. L’un des principaux, Nicolas Le Grand, franc-maçon, fut condamné à vingt ans de fers ; un autre, nommé Charlat, également franc-maçon, s’était engagé pour aller combattre les Vendéens, mais il fut tué par ses camarades, à qui il faisait horreur à raison de sa participation au crime.

Hiram

[paru dans L’Héritage n°1]