Ce qu’on peut retenir du scrutin 10 avril en quelques mots

Tribune libre avec quelques remarques de notre groupe de réflexion « Jeanne d’Arc »:

« Quoi que l’on pense du système électoral actuel, il reflète dans une large mesure l’état de l’opinion française à un moment donné.
L’inconnue la plus « fascinante » reste les motifs de ceux qui pratiquent l’abstention (désintérêt total, paresse, convictions anti-électorales, absence de candidat adéquat…), qui fut particulièrement élevée cette fois, mais aucune étude ne permet de décrire en détail cette grande masse silencieuse.

Pour ce qui est des votants, maintenant.

Macron et les boomers
Par delà les clivages d’idées (par exemple gauche dure, gauche molle, « droite » molle, « droite » dure), le découpage électoral en fonction de l’âge est intéressant : Macron a engrangé beaucoup de voix chez les boomers (et Pécresse aussi, ce qui est la même chose).
La génération du baby-boom (qui a donc donné les boomers, qui ne sont pas tous mauvais bien sûr, mais nous parlons d’une tendance globale), marquée par les Trente glorieuses (plein emploi, pouvoir d’achat) et par Mai 68, se singularise dans l’histoire de France comme l’une des pires : elle aura laissé derrière elle une France littéralement envahie, désindustrialisée et surendettée. Et elle ne se repend pas, au contraire : elle s’entête dans ses choix égoïstes avec toujours cette devise : « après nous le déluge ».
Les boomers votent globalement mal, sont nombreux, et se déplacent davantage pour voter que les autres (ils aiment ça) : donc, surtout en cas d’abstention importante, leurs voix pèsent beaucoup.

Evidemment Macron a aussi séduit la bourgeoisie citadine moderne, les « bobos », privilégiés et décadents.

Zemmour
Il n’a pas réussi son pari malgré des débuts prometteurs. Il a siphonné l’électorat de droite qui s’était longtemps égaré chez la fausse droite LR-UMP-RPR, celle qui depuis des décennies escroque et trahit une bonne partie de ses électeurs et accompagne la politique de la gauche d’année en année. Mais il a peiné à attirer l’électorat populaire, qui s’est plutôt tourné vers Marine Le Pen ou, secondairement, Mélenchon.
• Il faut reconnaître que l’actualité récente a desservi Zemmour : la guerre en Ukraine l’a surpris dans une certaine posture de poutinophilie plutôt embarrassante au vu du contexte et sa sévérité initiale vis-à-vis des réfugiés ukrainiens n’a pas été bonne pour son image.
• De même, et surtout – à notre avis –, la thématique du pouvoir d’achat a pris le pas sur beaucoup d’autres, avec les craintes d’inflation et la flambée du prix des carburants : or Marine Le Pen s’est positionnée sur ce créneau et presqu’uniquement celui-ci.
les sondages, dont il faut bien comprendre qu’ils ont davantage vocation à façonner l’opinion publique qu’à la refléter, ont détruit la dynamique Zemmour au profit de Marine Le Pen dans la perspective d’un supposé « vote utile ». Les sondages, dont on ne sait jamais trop quoi penser, servent en tout cas à orienter l’opinion : « si le candidat qui porte mes idées ne va faire qu’un petit score, autant que je vote pour un autre, qui porte moins mes idées mais ira peut-être au second tour ».
• Le renfort de Marion Maréchal, que celle-ci a mal placé dans l’agenda électoral (beaucoup trop tard, sans plus d’espace médiatique à cause de l’actualité ukrainienne), n’aura pas eu l’effet escompté et la droite « hors-les-murs » (ou dite « identitaire » à plus ou moins juste titre) ne pèse pas aussi lourd dans l’électorat que sur internet ou chez les gens politisés. Les partisans de la jeune femme en espéraient beaucoup plus.
• Cela dit, obtenir 7% des voix, pour une première, n’est pas non plus un « bide » et le parti « Reconquête! » est apparemment le premier de France en matière d’adhésions et peut-être de militants (aucun autre candidat n’aurait pu égaler le meeting du Trocadéro) : mais il y a les militants d’un côté, et les électeurs de l’autre. Chez Macron et chez Marine Le Pen (dans une moindre mesure) il y a, à l’inverse, beaucoup de votants mais peu de militants. C’est injuste mais c’est cela, la démocratie : elle ne récompense pas tellement l’engagement.
De plus, l’engagement de ses militants sera-t-il durable, surtout dans l’adversité ?
• Quoi qu’on pense de sa candidature, Zemmour a été le seul à avoir un discours un peu raisonnable sur l’immigration de remplacement, qui menace de tuer la France : mais les Français votants qui pensent d’abord à leur nation sont peu nombreux face à ceux qui privilégient leurs petits intérêts personnels et immédiats, spécialement d’ordre économique. C’est cela aussi – et surtout –, la démocratie.

➥ Mélenchon
Dans une logique de « vote utile », Mélenchon a réussi à siphonner les voix du PS et des Verts. Il a plus de gouaille qu’Hidalgo et que Jadot, et son programme sur les questions environnementales était proche de celui de l’escrologiste.
Dans les villes, il récupère une part non négligeable des voix des jeunes : le lavage de cerveau gauchiste que ceux-ci subissent depuis des années porte des fruits.
Mais surtout, son résultat important est le signe de la politisation croissante de la population étrangère en France.

Un des faits les plus notables de cette élection est en effet la mobilisation des étrangers à papiers français.
Ils étaient très nombreux en France mais ne votaient jusqu’à présent que peu et leur influence électorale était donc secondaire quoique petit à petit de plus en plus sensible.
Mais il y a eu un « saut » cette fois-ci et désormais ils répondent enfin à ceux qui les courtisent le plus (la gauche radicale qui, ne pouvant plus compter sur les ouvriers, se cherche une nouvelle armée de ce côté).
C’est ainsi que l’Espagnol rouge Mélenchon a réussi à faire se déplacer jusqu’aux urnes une population immigrée essentiellement islamique (mais pas que) en sa faveur.
Cela veut dire que la voix des Français va compter maintenant beaucoup moins, dans leur propre pays, lors des consultations électorales.
On attendait ce moment prévisible : ça y est.

 
voir la colonne « musulmans ».

➥  Pour finir, le processus de destruction et remplacement des vieux partis (PS et LR-UMP-RPR) s’achève. Ils réalisent respectivement 1,75% et 4,78% des voix. Aucun Français digne de ce nom ne va s’en attrister.
C’est une petite révolution dans le landerneau politicien et, cerise sur le gâteau, la fausse droite LR – étant sous le seuil des 5% – ne sera pas remboursée de ses frais de campagne, ce qu’elle n’avait nullement prévu : ses caciques vont devoir faire la manche comme des Roms de base.

Bref. Jugeant l’arbre à ses fruits et pour faire simple, on ne peut que constater, si besoin en était et que l’on veuille utiliser la démocratie faute de mieux ou pas, que ce système (dont les fondements idéologiques sont de gauche, sans parler des forces occultes qui l’animent forcément) mène à la catastrophe : la France est en train d’en crever. »