par Thibaut de Chassey (août 2013)
Le passage de la loi Taubira, légalisant les unions contre-nature, est un bouleversement juridique et social majeur.
Mais il n’a pas surgi spontanément, de nulle part.
Et même s’il est vrai que le gouvernement socialiste a méprisé le peuple au long de son marathon législatif, il ne faut pas se leurrer : la majorité de la population française, aujourd’hui encore frileuse, avalisera cette évolution au fil des ans car elle en partage les fondements philosophiques, moraux et politiques.
En l’occurrence, la loi a devancé l’évolution des mœurs (au lieu de s’y adapter, comme les « modernes » le voulaient jusqu’alors, et fallacieusement). Mais elle l’a devancée de peu… Il faut par ailleurs bien garder en tête qu’il ne s’agit que d’une étape.
Une attaque, parmi d’autres
Ce violent assaut contre cette institution naturelle qu’est la famille, par la tentative de dénaturation du mariage, est à replacer dans le contexte d’une offensive générale et radicale contre l’ordre naturel et surnaturel des choses (mouvement que l’on nomme traditionnellement « Révolution », avec une majuscule).
Après avoir largement détruit la civilisation chrétienne et l’ordre social traditionnel, après s’en être pris aux métiers et avoir livré les travailleurs au Capital, dissous les identités régionales, vaincu les indépendances nationales, la Révolution voyait la famille comme un bastion dont le tour était venu.
Celui-ci n’aurait pu être si aisément submergé s’il n’avait pas été affaibli par un travail de sape lent et minutieux.
Le cas du prétendu (et impossible) « mariage » « homosexuel » est ainsi à replacer dans un contexte large.
Les idées ont une logique
Les idées ne surgissent pas spontanément. Une idée en entraîne une autre.
Celle selon laquelle les invertis auraient un « droit » à singer une institution fondée sur le couple homme/femme est le dernier — mais pas l’ultime, hélas — développement de l’idéologie libérale qui progresse continûment depuis quelques siècles et qui trouve peu de résistance face à une expansion visant l’hégémonie.
Celle-ci se conjugue en l’espèce avec l’idéologie « du genre », qui elle-même s’appuie sur le mythe de l’humain androgyne.
Cette conception bisexuée de l’homme est promue depuis quelques temps par des « intellectuels », juifs pour beaucoup et dont Freud ne fut pas le moindre. En réalité, il s’agit d’un thème très ancien, récurrent dans les pensées kabbalistique et gnostique, ou par exemple dans le discours d’Aristophane.
Appuyé sur l’orgueil humain et la flatterie de nos instincts les moins nobles, le libéralisme égalitariste, derrière des prétentions libertaires, cache une nature tyrannique qui ne souffre aucune contestation. Toujours le mot « tolérance » aux lèvres, il ne supporte ni la contradiction, ni qu’on lui échappe.
Or, il est vain de vouloir combattre un phénomène sans même s’intéresser à ses origines. Ce à quoi nous assistons actuellement est la conséquence logique d’idées et de changements de mentalité successifs qui ont été malheureusement avalisés par de nombreux opposants à la loi Taubira ; notamment ceux qui se réclament sincèrement de la République, dont le libéralisme et l’égalitarisme sont des fondements officiels.
« En dessous » des idées, si l’on peut dire, on trouve des hommes et des structures pour les mettre en œuvre, pour les servir. Il n’est pas nécessaire d’étudier pendant des années pour s’apercevoir que ce combat de longue haleine contre le mariage, la famille et les bonnes mœurs en général est au cœur de l’action de la franc-maçonnerie.
Le détournement de la colère
Il est encore trop tôt, à l’heure où ces lignes sont écrites, pour dresser un bilan de la formidable mobilisation qu’a suscitée le projet socialiste, mais elle est historique par son ampleur, par sa persistance et par la détermination des participants. C’est un vrai motif de réjouissance que de voir cette foule, et notamment cette jeunesse, monter au créneau — souvent pour la première fois —, avec un enthousiasme qu’on osait à peine espérer dans notre société d’égoïsme et de résignation.
Bien sûr, il ne faut pas se leurrer quant à la radicalité de la plus grande partie des manifestants, quant à leur volonté d’aller au bout du raisonnement qui s’impose, quant à leur capacité à remettre en cause le Système dans son ensemble. La plupart d’entre eux sont et veulent rester régimistes. Mais il suffirait que ne serait-ce qu’un pour cent du million de manifestants du 24 mars 2013 ait une prise de conscience aboutissant sur un engagement politique radical (au meilleur sens du terme) pour que les choses changent…
Évidemment, on regrettera que ce sursaut populaire ait été mis sous l’autorité de la mal prénommée mais bien nommée « Frigide Barjot », qui a mené la contestation dans le mur, et les manifestants dans les bras de l’UMP. La colère sur les plateaux télé, réelle ou feinte, a toujours laissé place, concrètement, à un légalisme forcené. Or, quand il s’agit de mener un bras de fer avec le pouvoir, si l’objectif est vraiment de le faire reculer, cela ne passe pas par des apologies incessantes du « pacifisme », ni par des airs de boîtes de nuit qu’on donne à des défilés de protestation. On ne gagne pas non plus l’aide de Dieu — au contraire — en essayant de cacher à tout prix que l’on est catholique, ce qui ne dupe au demeurant personne, ni les médias, ni le gouvernement.
La vérité est que cent mille personnes vraiment en colère dans la rue ont plus d’effet sur le pouvoir qu’un million de fêtards tout de rose vêtus.
[…] Il ne s’agit pas ici d’inciter à la violence, mais simplement de rappeler que l’on n’a aucune chance de gagner un rapport de force en commençant par expliquer que l’adversaire n’a rien à craindre.
Surtout quand en face, on a un gouvernement autiste, idéologique au point d’en être fanatique.
Non seulement l’énergie colossale qui a été mise en œuvre pendant l’année 2012-2013 n’aura pu atteindre son objectif premier, mais elle risque de dégoûter un certain nombre de Français de « l’action politique », les poussant dans une résignation somme toute confortable, tandis que d’autres tomberont dans le piège UMPiste. Pis, les discours et les mots d’ordre ont constitué un formidable recul dialectique et rhétorique, avec d’incessantes apologies de la République, ou carrément de l’homosexualité elle-même.
Or, contrairement à ce que disent (sincèrement ou par peur des médias) les meneurs des grandes manifestations, le fond du problème, c’est aussi que les actes homosexuels sont foncièrement mauvais et n’ont en aucune façon à être légitimés socialement.
Bien sûr, si les meneurs en question n’avaient pas été si complaisants envers le Système et l’homosexualité, s’ils n’avaient pas eu pour souci principal de plaire à des médias qui sont radicalement des ennemis, un certain nombre de bons bourgeois n’auraient pas osé fouler le pavé.
Remettre en perspective la loi Taubira, c’est aussi garder à l’esprit qu’elle est un fruit pourri de la République et de son idéologie, et qu’elle va de pair avec le rouleau-compresseur du mondialisme. On n’a pas beaucoup entendu parler, durant les nombreux débats, du fait que la calamiteuse Union européenne , marche-pied de l’État mondial, nous imposait de légiférer sur le mariage (voir encadré ci-dessous). Ainsi, restaurer les bases de la civilisation et de la morale publique ne saurait se faire sans une rupture radicale avec l’européisme.
Tout est lié : le Système est un tout relativement cohérent, et de même que « la Révolution est un bloc » comme le disait pertinemment le connaisseur Clémenceau, la Contre-révolution sera un bloc.
Il faut aussi voir les côtés positifs de ces mois d’agitation.
De nombreux conservateurs ont été piqués au vif par la loi Taubira et par les méthodes du gouvernement, qui n’a d’autre réaction que la violence, comme en témoignent les exactions commises par les forces de l’ordre, ou l’usage arbitraire des moyens judiciaires. Il faut que leur indignation persiste et qu’elle débouche sur un véritable engagement politique, en rupture avec le Système, ses codes, ses artifices. Il faut passer du conservatisme à la (contre-)révolution !
Espérons que les jets de gaz lacrymogène et les coups de matraque, ainsi que les centaines de garde à vue, auront au moins servi à réveiller des « droitards » ou de jeunes Français venus de nulle part, endormis devant le « jeu démocratique » comme d’autres s’assoupissent devant leur télévision.
Aidons-les à franchir le pas de la dissidence et à saisir les véritables implications et enjeux que soulève le bouleversement législatif en cours.
Demain ?
Il est important que tout le monde comprenne bien que face à l’extrémisme d’un gouvernement méprisant le peuple, aux ordres d’un petit lobby, et fort uniquement de ses médias et de ses matraques, l’heure n’est plus au compromis ni à la mollesse.
Cette victoire des socialistes ne sera malheureusement pas le fond du trou mais augure d’autres projets encore plus fous, et donc d’autres combats.
Nous attirons par exemple l’attention du lecteur sur le fait que les mariages religieux, s’ils sont actuellement épargnés par les politiques, seront demain dans la ligne de mire pour cause de « discrimination au motif de l’orientation sexuelle ». Il est dans la logique des choses que le gouvernement veuille un jour obliger les prêtres à accepter de célébrer des cérémonies pour des duos d’invertis, comme on en parle déjà en Angleterre pour les Anglicans. Et les progrès de « la tolérance » vont s’accompagner d’une répression plus forte, voire de persécutions contre les réfractaires. Paradoxal mais vérifié par deux cent vingt ans d’histoire.
On peut se dire que cela n’est pas pour demain, mais qui imaginait, il y a dix ans, qu’une décennie nous séparait de cette honte qui vient de frapper la France ?
Le concept d’ « accélération de l’histoire » se fait cruellement sentir et demain nous aurons affaire, si rien ne change, à des horreurs que nous ne pouvons concevoir actuellement.
Raison de plus pour s’engager généreusement et intelligemment, sans plus attendre, dans les combats politiques et sociaux défensifs et offensifs qui s’imposent.
Beaucoup de nos compatriotes ont fait ces derniers mois un pas dans une bonne direction :
à nous de les prendre par la main pour les mener sur le chemin de la Vérité, qui sera aussi, si Dieu le veut, le chemin de la victoire !
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Annexe 1 :
L’Union européenne contre le mariage
Quelle est la position de l’instance qui est à l’origine de 80 % des lois françaises ?
Elle est un acteur méconnu mais très actif du projet de destruction du mariage.
En effet plusieurs résolutions du Parlement européen demandent aux États membres de mettre en place une législation pour en finir avec les « discriminations » à l’égard des « couples homosexuels » en termes d’union, de mariage civils (en attendant le mariage religieux) ou d’accès à l’adoption et à la parentalité.
– Par la résolution du 8 février 1994, le Parlement européen demande clairement aux États membres de mettre fin à « l’interdiction faite aux couples homosexuels de se marier ou de bénéficier de dispositions juridiques équivalentes », recommande de « leur garantir l’ensemble des droits et des avantages du mariage, ainsi qu’autoriser l’enregistrement des partenariats » et de supprimer « toute restriction au droit des lesbiennes et des homosexuels d’être parents ou bien d’adopter ou d’élever des enfants ».
– Dans la résolution votée le 5 juillet 2001, le Parlement européen recommande aux États membres de l’Union européenne « la modification de leur législation dans le sens d’une reconnaissance des relations non maritales entre personnes du même sexe ou de sexes différents et l’attribution de droits égaux à ces personnes » ainsi que « l’inscription à l’ordre du jour de l’Union européenne de la question de la reconnaissance mutuelle des relations non maritales reconnues légalement ».
– Dans un rapport publié fin 2002, le Parlement recommande « de reconnaître les relations non maritales, tant entre personnes de sexe différent qu’entre personnes du même sexe, et d’associer à ce type de relations des droits égaux à ceux qui découlent du mariage, tout en inscrivant à l’agenda politique la reconnaissance mutuelle des relations non maritales et du mariage entre personnes du même sexe ».
– Dans une résolution de 2003, le Parlement européen réitère sa demande « d’abolir toute forme de discrimination — législatives ou de facto — dont sont encore victimes les homosexuels, notamment en matière de droit au mariage et d’adoption d’enfants ».
ANNEXE 2 :
Ce qu’en disait le Larousse en 1985…
Il est intéressant de voir à quoi ressemblait une définition médicale de l’« homosexualité » il y a encore quelques années.
Voici ce qu’en disait le Dictionnaire de la médecine, Larousse de poche, édition de 1985 (nous soulignons le passage le plus éloquent) :
« homosexualité n. f. Comportement lié à l’appétence pour l’individu du même sexe (Fay).
L’homosexualité est essentiellement due à des facteurs psychologiques et sociaux plutôt qu’à des facteurs biologiques. Chez l’adulte, à côté des conduites homosexuelles occasionnelles dues à l’absence de partenaires du sexe opposé, il existe des comportements homosexuels sous-tendus par des préoccupations sociales ou philosophiques (Grèce antique). […]
L’homosexualité masculine se manifeste par la pédérastie […]. L’homosexualité féminine (lesbianisme) est plus discrète et plus stable. Chez l’adolescent, l’homosexualité peut n’être que l’aspect adopté par une ambivalence sexuelle passagère.
Le traitement – essentiellement psychothérapique – ne peut intervenir et n’a de chance de succès que chez le névrosé culpabilisé qui le sollicite. »
On se rend compte du chemin parcouru dans les mentalités en quelques décennies à peine !
Et l’on ne peut qu’être effaré de la façon dont la science a reculé et jeté aux oubliettes les connaissances acquises, dans le but de ne pas froisser les lobbies et idéologies en vogue…
L’obscurantisme est bien là !
TIRÉ DE L’Héritage n°9 :